Introduction
L’avènement de la génération d’images par l’IA a ouvert un nouveau champ créatif extraordinaire — mais aussi semé de questions éthiques, juridiques et sociales. Quand un outil d’IA peut produire un visuel hyper-réaliste en quelques secondes, comment garantir la transparence, le respect du droit d’auteur, et éviter les usages malveillants (deepfakes, désinformation, usurpation) ? Cet article explore ces défis à travers trois axes : le droit du copyright, les manipulations visuelles (deepfakes) et le rôle des technologies de marquage comme SynthID pour restaurer confiance et traçabilité.
1. Le droit d’auteur face aux images générées par IA
Lorsque l’IA crée des images, à qui revient le droit d’auteur ?
D’un côté, le droit classique protège les œuvres originales de l’esprit — mais dans le cas d’une image générée automatiquement par un algorithme, sans intervention significative d’un humain, le statut est flou.
Plusieurs utilisateurs sur des forums relèvent :
« AI generated images with no further meaningful adjustments or alterations by a human do not qualify for copyright. » Reddit+1
Cela implique que lorsque vous utilisez un outil comme un générateur d’images IA, vous devez clarifier vos droits et usages : publication, commercialisation, attribution.
Au-delà du droit, il y a un enjeu de respect du créateur : l’IA est souvent entraînée sur des bases d’images existantes, parfois sans autorisation explicite. Cela pose un dilemme moral : la « créativité assistée » ne doit pas devenir un prétexte pour contourner le droit d’auteur.
Pour les professionnels (designers, agences, créateurs de contenu), la bonne pratique est d’indiquer quand une image est générée par IA, d’utiliser des licences compatibles, et de s’informer sur les conditions d’utilisation des outils IA employés.
2. Deepfakes, désinformation et usurpation visuelle
L’IA ne se contente pas de créer des images esthétiques : elle peut simuler des scènes, des visages, des contextes de toutes pièces.
Ceci ouvre la porte à des usages dangereux : manipulations d’images pour faire croire à un événement faux, altération d’un visage, création de faux contextes visuels.
Le risque ? Perdre la confiance dans nos supports visuels, voire diffuser des mensonges visuels à grande échelle.
La responsabilité s’étend donc aux créateurs d’IA mais aussi aux utilisateurs : vérifier la source, indiquer “généré par IA”, adopter des filtres de vérification.
Sur ce plan, l’éthique exige la transparence : ce qui est créé par l’IA doit être clairement identifié comme tel ; ce qui est modifié doit l’indiquer.
Le public doit aussi être formé : apprendre à détecter les signes d’altération, se demander “est-ce réel ou généré ?”, et adopter un esprit critique.
3. Filigranes, traçabilité et technologie : le rôle de SynthID
Pour répondre à ces enjeux, des technologies émergent. Parmi elles : SynthID, développée par Google DeepMind pour les images générées par IA.
SynthID intègre un filigrane numérique invisible à l’œil humain directement dans les pixels d’une image générée par IA. L’Éclaireur Fnac+2Abondance+2
Ce filigrane est conçu pour rester détectable même après des modifications : filtres, compression, recadrage, changements de couleurs. 01net.com+1
À terme, l’idée est de donner aux utilisateurs, aux plateformes et aux vérificateurs un moyen fiable de remonter à l’origine de l’image et de savoir si elle a été synthétisée.
Cependant, la technologie n’est pas parfaite :
Elle est pour l’instant limitée à certaines plateformes ou générateurs (ex. Imagen). telesatellite.com+1
Les manipulations très poussées peuvent contourner la détection. L’Éclaireur Fnac
Malgré cela, le filigrane numérique marque une avancée dans la “responsabilisation technique” de l’IA visuelle : ce n’est pas que le droit ou l’éthique, mais aussi la traçabilité technologique.
4. Bonnes pratiques pour créateurs, marques et utilisateurs
Pour combiner créativité et responsabilité visuelle :
Toujours indiquer quand une image est générée ou modifiée par IA : mention “Image générée par IA” ou “Modifiée par IA”.
Utiliser des générateurs qui respectent les droits d’auteur et fournir une documentation claire sur les usages permis.
Préférer des outils dotés de filigrane ou métadonnées traçables (comme SynthID) pour limiter les risques de désinformation.
En publication, indiquer la provenance, le modèle IA utilisé et les transformations éventuelles.
Former les publics à la lecture critique des images : poser la question “d’où vient cette image ?”, “a-t-elle été modifiée ?”, “est-ce une scène vraie ou générée ?”.
5. Perspectives et enjeux à venir
Les législations sur l’IA et les droits d’auteur vont probablement évoluer : vers plus de transparence, obligation de traçabilité, voire de déclaration “généré par IA”.
Les filigranes numériques comme SynthID pourraient devenir standards, voire obligatoires sur certains contenus générés par IA.
Le défi technique est de rendre ces filigranes interopérables, robustes, et universels (image, vidéo, audio, texte).
Sur le plan éthique, l’enjeu est aussi culturel : que signifie “création” à l’ère de l’IA ? Quelle place pour l’artiste humain ? Quelle confiance accorder aux visuels générés ?
Pour les entreprises qui utilisent ces visuels (marketing, médias, réseaux sociaux), il s’agira d’équilibrer l’innovation (création rapide, personnalisation) avec la responsabilité (crédibilité, transparence, réputation).
Conclusion
La génération d’images par IA est une révolution : elle libère la créativité, abaisse les barrières techniques, ouvre des potentialités inédites. Mais cette révolution ne peut se faire sans responsabilité. Le respect du droit d’auteur, la transparence vis-à-vis du public, la traçabilité technique via des filigranes comme SynthID, et la vigilance contre les usages abusifs sont autant de piliers d’une approche éthique.
Ainsi, créer avec l’IA, c’est non seulement imaginer le futur mais aussi choisir la façon dont ce futur sera vu, compris et représenté.
Un article signé Mahaoua D. SANGARÉ pour Mali Développeur.


